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Une accusation de harcèlement sexuel a mis un terme brutal à la carrière du leader de gauche radicale Iñigo Errejón en seulement deux jours. Récit d’une chute inévitable. 

Photo de couverture : Sumar

Iñigo Errejón est depuis une dizaine d’années en première ligne de la politique espagnole. Cofondateur du parti Podemos, issu du mouvement des Indignés, il est considéré comme l’un des cerveaux de la gauche radicale. En 2019, il crée son parti puis s’allie en 2023 à Sumar, la plateforme des gauches initiée par l’actuelle vice-présidente du gouvernement espagnol Yolanda Diaz. La même année, il est réélu député puis devient porte-parole du groupe parlementaire Sumar

Une carrière fulgurante, que rien ne semblait devoir arrêter. L’histoire, presque ordinaire, d’un #MeToo sans retour en arrière possible. Mardi, un témoignage anonyme publié par une journaliste sur Instagram dénonce un “député vivant à Madrid” comme un “agresseur psychologique, un véritable psychopathe, un monstre”. Le nom d’Errejón est rapidement évoqué dans les couloirs de son parti, tandis que d’autres témoignages commencent à affuler. Le député finit par démissionner jeudi et reconnait la véracité de ces accusations. La première plainte officielle est déposée le même jour par l’actrice Elisa Mouliaá.

Une nuit d’horreur

Cette plainte, qui a fuité dans la presse espagnole, décrit des heures d’un harcèlement qui auraient débuté lors d’une soirée privée fin septembre 2021. Selon la plaignante, Errejón aurait eu des comportements agressifs et intrusifs, commençant par des avances non consenties jusqu’à des attouchements dans une chambre où, toujours d’après les allégations de Mouliaá, il aurait verrouillé la porte pour empêcher l’actrice de partir.

Mouliaá et Errejón échangeaient de manière sporadique des messages sur Instagram depuis environ un an. La comédienne, connue également pour son rôle de présentatrice sur la chaine de télévision La Sexta, déclare que la situation s’est intensifiée dans un contexte d’intimidation, Errejón la forçant à entrer dans une chambre et l’ayant, selon son témoignage, embrassée et touchée de manière violente.

Elle rapporte avoir été choquée et désemparée par la situation, d’autant plus qu’elle craignait de contrarier une figure publique comme Errejón. Après cet incident, d’autres comportements invasifs auraient suivi, même lorsqu’elle aurait tenté de mettre fin à la situation.

elisa mouliaa

Photo : Las provincias

Les allégations de Mouliaá se terminent par un échange où elle affirme avoir invoqué la loi « Solo sí es sí » (seul un oui explicite compte comme consentement), mais Errejón aurait réagi avec insensibilité. L’actrice déclare qu’après la première agression présumée dans la chambre, Errejón aurait insisté pour quitter la fête afin de se rendre en sa compagnie dans son propre domicile. Une fois arrivés sur les lieux, Errejón aurait de nouveau pratiqué des attouchements sans son consentement. Ensuite, il l’a saisie fermement par la taille et a « commencé à l’embrasser, introduisant sa langue dans sa bouche de manière brutale, l’empêchant de respirer, envahissant son espace et la faisant se sentir très intimidée », relate la plainte. Elle explique s’être sentie violentée et paralysée, mais elle a choisi de garder le silence en raison de l’identité de son agresseur.

Ce scandale a de lourdes conséquences politiques, puisqu’il ébranle la crédibilité du gouvernement espagnol et fragilise la coalition entre Sumar et le reste de l’exécutif socialiste. Leader aux discours féministes véhéments, Errejón incarnait la gauche radicale qui dénonçait avec ferveur les abus patriarcaux. Sa chute et surtout ses années de double vie vont faire fortement tanguer son camp politique.

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