L’Espagne connait la plus forte progression trimestrielle de sa croissance. Un chiffre qui bat un record depuis les deux dernières années et qui de surcroit est meilleur que prévu.
Les investissements et les exportations permettent à l’Espagne d’augmenter encore sa croissance de 0,8% par rapport au même trimestre de 2022. Ce qui offre au pays une croissance globale de 2%.
En début de semaine, le ministre de l’Économie, Carlos Body, annonce que la croissance devrait atteindre 2,5% au mois de juillet. Une estimation confirmée par le FMI qui entrevoit une croissance espagnole à 2,4%. La banque d’Espagne corrige une prévision très légèrement à la baisse avec une croissance boostée de 2,3%.
Preuve que la tension politique que connait l’Espagne avec un gouvernement de coalition socialiste-extrême gauche avec une majorité plus que fragile ne déstabilise pas l’économie. Les chiffres confirment la thèse de certains spécialistes : la politique et l’économie d’un pays sont séparées par une paroi imperméable. Ce qui est une bonne nouvelle pour la France.
En Espagne, tous les signaux sont dans le vert : bon taux de croissance, baisse remarquable du chômage, l’inflation commence à se modérer, même si elle reste à des niveaux élevés. La croissance est soutenue par l’investissement des Espagnols, surtout dans les domaines des biens d’équipement (3,7%) et le logement (2,8%). De leur côté, les exportations stimulent l’activité économique, avec une croissance de 3,3%. La consommation des ménages, quant à elle, augmente de 0,4%.« Nous poursuivons la bonne séquence de nouvelles économiques », a déclaré le ministre de l’Économie, Carlos Body, à propos de ces données, soulignant qu’il s’agit d’une croissance équilibrée qui « reflète le dynamisme de l’économie en 2024 ».
Alors la question se pose : avec tous ces indicateurs plus que positifs, pourquoi l’Espagne ne devient-elle pas une grande puissance économique aux côtés de la France et de l’Allemagne ? Selon l’économiste Josep Miró Roig, dont l’analyse intégrale est disponible dans un de nos précédents articles, le travail au noir enfonce le pays. Ces emplois n’apparaissent logiquement pas dans les chiffres officiels. Pourtant, ils représentent environ 20 % de l’emploi en Espagne. « Si ces postes étaient comptabilisés, le taux de croissance aurait été supérieur et le taux de chômage bien inférieur. Ces problèmes font que l’Espagne ne pourra jamais rentrer dans la cour des grands », admet l’expert catalan.
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